Réussir ses vacances avec son ado

C’est bien connu, les adolescents ont plutôt tendance à râler qu’à s’enthousiasmer sur les activités qu’on leur propose. Alors, quand vient le moment des vacances, il est légitime que les parents s’interrogent. Réussir ses vacances avec son ado, est-ce possible ? Comment respecter son autonomie grandissante tout en conservant une autorité ? Petit mode d’emploi pour des vacances en famille réussies.

C’est en général aux alentours de 15 ans que les vacances en famille n’amusent plus les adolescents. Et ils ne se gênent pas pour le faire sentir, en faisant la tête, en refusant de se mettre en maillot, en trouvant tout nul…

Forcément, la destination choisie influe sur la réussite des vacances. Quinze jours dans un endroit perdu, sans rien à faire ni jeunes à rencontrer…, il y a fort à parier que l’ambiance ne soit pas au rendez-vous.

« Y a le wifi ? »

En quête de sensations, les jeunes sont souvent partants pour les petits périples à l’étranger. Découvrir une culture différente, une autre manière de vivre, faire de nouvelles rencontres, voilà qui devrait les émoustiller.

Généralement, les ados aiment bien partir à l’aventure. Il faut préparer le séjour avec eux, leur demander ce qu’ils ont envie de faire, tout en gardant en tête le but du jeu : leur montrer des choses qu’ils ne connaissent pas.

C’est bien d’aller dans le sens de leurs goûts. L’adolescent est passionné de sport ? On s’efforcera de trouver un lieu de vacances où il pourra pratiquer des activités sportives. Il ne faut pas hésiter à proposer des activités insolites, qui le sortiront de sa torpeur : sport d’aventure, pique-nique sur la plage, nuit sous la tente, escapade nocturne… Un bon moyen de le décoller de ses écrans. Car, au grand désespoir des parents, la première parole des ados à l’annonce des vacances est bien souvent : “Est-ce qu’il y a le wifi ?”

Franchement, je pousserais pour qu’il n’y ait pas d’accès à Internet. Les ados pourront retrouver leurs livres, se bouger, faire des jeux de société en famille…

L’occasion aussi de faire des vacances un moment de retrouvailles privilégié, et de prendre le temps de discuter, échanger, communiquer, les écouter, leur faire passer des messages…

Relâcher (un peu) la pression

Pendant les vacances, il faut savoir assouplir les règles, les adapter à la situation. Bien sûr, en vacances, les ados aiment traîner, se lever à point d’heure, l’air apathique. Si cela vous est insupportable, il faut trouver le compromis qui saura satisfaire tout le monde. On peut exiger que le déjeuner et le dîner soient pris en famille. On peut aussi donner une heure limite pour la prise du petit-déjeuner, 10h30 par exemple. Ou octroyer la permission de faire la grasse matinée un matin, sachant que le lendemain tout le monde se lèvera tôt pour faire une activité ou une excursion.

Être en vacances en famille ne veut pas dire tout faire ensemble tout le temps. Il faut savoir lâcher du lest et respecter des plages de liberté pour chacun.

Si on va dans un endroit type VVF, où il y a un club ados, on est certes en famille mais les enfants bénéficient d’une pseudo-liberté. Tout le monde peut aller à son rythme et on se retrouve pour certains moments. C’est une bonne formule.

Autre point d’achoppement : la participation aux tâches ménagères. Tout le monde est en vacances, alors chacun doit mettre la main à la pâte. Comme le soulignent le pédopsychiatre Marcel Rufo et la journaliste Christine Schilte, spécialisée dans l’enfance et l’adolescence, “[l’adolescent] préférera de beaucoup que vous lui attribuiez une responsabilité bien définie à la multiplication des demandes de services – justement au moment où il a ses propres occupations* !”

La compagnie d’autres jeunes

Quand un adolescent a tendance à faire la tête pendant toutes les vacances, trouve tout nul au point de devenir un véritable boulet pour le reste de la famille, la solution peut être d’emmener un de ses copains. Non seulement il aura un regain d’intérêt pour ses vacances, mais il aura aussi à cœur de bien se tenir devant son ami. Une sorte de garde-fou qui peut éviter bien des conflits. En revanche, il ne s’agit pas d’accepter la présence du petit copain ou de la petite copine avant que l’enfant ait une vingtaine d’années. Ce serait enfermer l’enfant dans un couple, officialiser une relation, ce qui n’est pas adapté. S’il n’a pas de copain avec lui, c’est bien qu’il ait l’opportunité de rencontrer d’autres jeunes de son âge. On peut l’inscrire – avec son accord – à une activité, un stage, un club ados… À partir d’un certain âge, qui dit copains dit sorties. Celles-ci doivent être contrôlées : avec qui le jeune sort-il, où va-t-il, etc. Il faut fixer un horaire de retour limite. C’est l’occasion aussi de faire un petit rappel quant aux expériences multiples qui peuvent tenter les jeunes, sur les conduites à risque… “Si sa sortie exige un déplacement en voiture ou à deux roues, rappelez-lui les dangers de l’alcool et du cannabis au volant, recommandent Marcel Rufo et Christine Schilte*. En voiture, exigez que celui qui conduit le véhicule reste sobre, à deux-roues rappelez que le port du casque est obligatoire. Encouragez-le à être responsable avant de parler de sanction à tout manquement.”

Le temps de l’indépendance

Puis vient le moment tant redouté où l’enfant annonce à ses parents qu’il veut partir en vacances sans eux. Tant qu’il n’est pas majeur, cela ne pourra se faire que sous la surveillance d’un adulte. Et l’on tâchera de bien se renseigner : où, avec qui, combien de temps et comment ? Ce n’est qu’à partir de 18 ans qu’on peut les laisser partir seuls, entre eux. Et encore. Tout dépend de l’enfant, et de son degré de débrouillardise. Il faut s’assurer qu’il est bien autonome, et digne de confiance. La fiabilité de l’adolescent peut se vérifier facilement au quotidien : respecte-t-il les horaires qu’on lui recommande, est-il toujours là où il prétend être ? La confiance se construit sur du long terme. C’est à ce prix qu’on pourra laisser le jeune partir seul. Malgré tout, ce cap n’est pas toujours facile à passer pour les parents, comme en témoigne Arnaud, père de deux adolescents de 15 et 18 ans : “Mon fils aîné nous demande de partir avec ses copains cet été. Je l’ai ressenti un peu comme un désaveu, même si je sais que c’est normal. Ce n’est pas facile à vivre, car ça nous renvoie en pleine figure la notion du temps qui passe. C’est le début d’une autre ère, une nouvelle étape.”
Pour autant, il ne faut pas freiner l’enfant dans sa demande d’autonomie. Ce qu’il demande est normal, et sain. Ce genre de vacances le fera grandir, il gagnera en assurance. Le tout étant de trouver le juste milieu entre surprotection et total lâcher prise. On peut l’aider à préparer son séjour, lui faire un petit rappel sur les mises en danger à éviter (alcool, mauvaises rencontres, voiture…), lui rappeler comment réagir en cas de problème, et surtout qu’il n’hésite pas à faire appel à un adulte si besoin. C’est bien que l’adolescent fasse des petits boulots au début de ses vacances ou tout au long de l’année pour se payer tout ou partie de ses vacances : s’il veut de l’indépendance, à lui d’en assumer un peu les frais. Même quand l’enfant est grand, on ne se privera pas pour autant d’un temps de vacances en famille, il est important de préserver ces moments privilégiés… qui ne durent pas éternellement.

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